L'affaire Barthez ?
Nantes se laisse piégerLe parcours du FCNACoupable sur le but de Sedan (0-1), dimanche, Fabien Barthez a surtout déstabilisé Nantes par son attitude en fin de match. Alors que son rendement est remis en question, le gardien est venu semer le trouble au sein d'une équipe qui lutte pour le maintien. Le FCNA avait-il besoin de ça ?
Dans le milieu des gardiens, on appellerait ça une sortie ratée. En quittant la Beaujoire après son but "casquette" contre Sedan (1-0), arguant une blessure sur laquelle plane le doute, Fabien Barthez a semé le trouble à Nantes et peut-être perturbé une équipe qui n'a besoin que de calme dans sa lutte pour le maintien. L'encadrement et les joueurs nantais n'ont pas dissipé, loin de là, le flou entourant le nouveau coup d'éclat du Divin chauve après une "boulette" qui coûte cher au FCNA, bon dernier. Dimanche, l'entraîneur Michel Der Zakarian assurait après le match à propos du gardien : "C'est quelqu'un de très bien, de très professionnel, mais il avait très, très, mal... Il souffre d'une énorme béquille !" . Ou est-ce plutôt le nouveau caprice d'un joueur qui bénéficie déjà d'un statut spécial et d'entraînement à la carte ?
Mauro Cetto, un des proches de Barthez dans le vestiaire, tentait d'expliquer : "C'est un compétiteur qui n'aime pas perdre, il était conscient que ce but est pour lui et il en souffre". "Je ne veux pas entrer dans la polémique", tranchait quant à lui Frédéric Da Rocha. Alors que Barthez est resté aux soins lundi, refusant de s'exprimer, la vérité est finalement sortie de la bouche de Der Zakarian. "J'ai discuté avec lui ce matin mais cela restera en interne. Il sait qu'il a fait une boulette. Il est sorti mais il n'était pas blessé", a-t-il avoué sur une chaîne de télévision. En préférant fuir au volant de sa voiture, l'ancien gardien des Bleus a donc un peu plus écorné son image. Un comportement qui ne manquera pas d'apparaître comme un abandon et un manque de solidarité à l'heure où les Canaris luttent pour leur survie en Ligue 1. "Tout le monde aurait préféré qu'il reste sur le terrain", a d'ailleurs glissé Cetto.
"Il n'était pas blessé"
En quittant le stade peu après ce but au volant de sa voiture, Barthez a ainsi écrit un nouveau chapitre de son histoire mouvementée avec le FCNA. Le 3 janvier, l'ex-"Fabulous Fab" avait quitté ses tous nouveaux coéquipiers en pleine séance à la Jonelière, donnant l'impression d'être excédé par les frappes à bout portant des Nantais. Le portier n'avait pas pris part aux petites oppositions dans la foulée et prétexté un mal au dos. Officiellement, le gardien avait voulu se "ménager" . Paradoxalement, ce premier coup de sang avait mis en relief par opposition le sentiment d'insouciance et de joyeuse pagaille qui régnait alors au sein de l'effectif, alors que l'heure était -déjà- grave.
Puis, en compétition, le gardien champion du monde et champion d'Europe avait assuré sur sa ligne, étant même à l'origine du but victorieux de Pieroni (90+2, succès précieux 1-0 face à Nice le 13 janvier) et du sursaut nantais en ce début d'année 2007. Mais, alors que l'un des plus incroyables "come-backs" du football français tournait au conte de fées, Barthez buvait la tasse en encaissant 5 buts contre Valenciennes (défaite 2-5 à la Beaujoire le 10 février). Dès le lendemain, le portier, plutôt que de se lamenter, avait lancé un appel à la révolte et à la mobilisation générale : "Ce dont on a besoin, c'est de vingt-quatre guerriers. S'il y en a un qui n'est pas chaud pour aller au combat, qu'il le dise tout de suite." Alors, faut-il s'attendre à malaise ou à un nouveau rebond de Barthez cette fois encore ?
14 buts en trois mois
Reste à savoir comment va réagir le groupe. Car les frasques de leur gardien, personnellement recruté par le président Rudi Roussilon pour sauver le club, pourraient finir par lasser le vestiaire nantais. D'autant que le bilan de Barthez depuis son arrivée sur les bords de l'Erdre n'est pas phénoménal. Trois arrêts décisifs (face à Nice 1-0, Marseille 0-0 et Sedan 1-1, 6-5 tab en quart de finale de la Coupe de France) mais aussi trois erreurs, tous face à des concurrents directs : Troyes (1-0), Valenciennes (2-5) et Sedan (0-1). En championnat, il aura encaissé 14 buts en trois mois, soit 1.4 par match. Alors 17e, Nantes et depuis passé à la dernière place. Mais Der Zakarian est persuadé que son gardien saura relever la tête. Et ce, dès le week-end prochain. "Il nous fera gagner à Saint-Etienne", assure l'entraîneur. Car aucune mesure disciplinaire n'est pour l'instant à l'ordre du jour... et aucune blessure à l'horizon.